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— Alors, cette lettre, dit-elle…

— Ne la lis pas, c’est Aglaé qui m’écrit. Elle ne sait pas, elle ne te connaît pas, alors elle dit des choses qui te déplairaient.

Mais allez donc empêcher une femme de lire une lettre de sa rivale… car, déjà cette Aglaé était pour Adrienne une rivale.

Alfred tremblait, se demandant comment sa maîtresse allait prendre l’expression « la vieille tante riche ».

— Oh ! dit-elle « la vieille tante riche », ça, c’est drôle !

Puis se tournant vers son amant :

— Alfred, tu l’aimes beaucoup, cette petite-là ?

— Oh ! tu sais… c’était arrangé entre les parents, on devait se marier, alors…

— Oui. Et maintenant tu ne l’aimes plus ?

— Peux-tu me demander cela, quand nous passons ensemble de si heureux moments ?

— Alors, si tu ne l’aimes plus… cela doit t’être indifférent de lui rendre sa parole.

— Oui, mais ma famille…

— Ne t’en inquiète pas… Je m’en charge…

— Dans ce cas, je rends sa parole à Aglaé…

— À la bonne heure ! Et maintenant, puisque je suis en train de faire et de défaire des mariages, et comme je ne veux pas qu’une autre jeune fille vienne encore essayer de t’enlever à moi… Alfred, si tu veux, je t’épouse…

Pour le coup, Alfred en était abruti. Avec Adrienne, il était habitué aux surprises extraordinaires, mais celle-là dépassait tout ce qu’il avait déjà vu et entendu. Sa tante lui proposait maintenant, après avoir été sa cousine, sa « petite amie », sa maîtresse, de devenir sa femme !…

Aussitôt, Adrienne ajoutait :

— Tu comprends. Ainsi, nous arrangerons tout. Moi, je te garde, et tes parents sont contents, car, en m’épousant, tu retrouves toute la fortune de ton oncle Rouchaud…

— Oh ! Oui ! approuva Alfred, radieux.