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toutefois, car il ne fallait pas laisser entrevoir à la notairesse un échec possible qui pourrait faire manquer le mariage.

— Tout doit venir de la timidité d’Alfred, assura Mme Valentin. Et j’ai décidé d’aller moi-même à Paris voir ma belle-sœur. Mieux que mon fils, je pourrai lui parler et, puisqu’elle lui temoigne tant d’affection, lui faire comprendre qu’elle doit l’aider à s’établir.

En rentrant chez elle, la mère d’Aglaé déclara à sa fille :

— Mon enfant, je crois bien que le jeune Alfred nous reviendra comme il est parti…

— Oh ! non ! Maman ! Non… Ce ne serait pas possible !

— Rien, au contraire, ne me paraît plus probable. Je ne veux pas te faire de peine mais je crains bien que nous ne soyons obligés de rompre les fiancailles. Tu as, Dieu merci, assez d’autres prétendants…

— Et moi je ne veux pas… J’ai promis à Alfred, je ne peux pas revenir ainsi sur ma parole. Et quand bien même il ne réussirait pas à obtenir un don de sa tante, peut-être trouvera-t-il à Paris une situation qui nous permettrait de tenir notre rang…

— Non ! Non !… S’il ne rapporte pas ce qu’il est allé chercher, nous romprons.

Depuis cette conversation, Aglaé s’inquiétait. Elle s’inquiétait tellement qu’elle résolut d’écrire en cachette à son fiancé.

Et voilà comment Alfred reçut un matin une lettre de la fille du notaire lui disant qu’elle était très inquiète, lui racontant que sa mère voulait rompre leurs fiançailles, et qu’il fallait qu’il se dépêchât d’obtenir l’argent de « la vieille tante riche » pour venir bien vite l’épouser…

La pauvre Aglaé avait senti son cœur battre bien fort en jetant cette lettre dans la boîte… et elle attendait impatiemment la réponse.

Or, le soir du jour où Alfred avait reçu la missive d’Aglaé, il paraissait très préoccupé.

Lorsque, comme chaque soir, il quitta le canapé-divan du petit salon pour venir rejoindre dans son lit sa maîtresse,