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Pour toutes ces raisons, Alfred avait évité de répondre autrement que par des phrases vagues aux demandes de ses parents.

Et ceux-ci s’impatientaient.

— Enfin, disait un soir Mme Valentin à son mari, voilà six mois qu’il est à Paris. Il devrait déjà avoir réussi… Il y a, dans tout cela, quelque chose qui n’est pas naturel.

— Sans doute, affirmait M. Valentin, sans doute. Mais Alfred a peut-être raison d’être prudent. Tu sais bien que dans sa dernière lettre, il nous écrivait : « Ma tante est pleine de confiance pour moi ; elle me donne de grandes marques d’affection (sur ce point il ne mentait pas), mais le moment psychologique n’est pas encore venu. C’est une femme excellente, mais elle m’a dit souvent : « Tu peux tout me demander, sauf de l’argent ». Il faut que j’arrive à lui faire comprendre que m’offrir une dot, ce n’est pas tout à fait la même chose que de l’argent qu’elle donnerait de la main à la main. »

« Rappelle-toi cela. Ce garçon est prudent. Il a raison… plus que nous qui sommes loin et ne pouvons nous rendre compte…

— Et moi je t’assure… J’ai comme l’intuition qu’Alfred nous cache la vérité.

« Sais-tu ce que je crois ? moi ? C’est que cette aventurière le traite très mal, ne lui prodigue aucune marque d’affection, mais qu’il n’ose pas revenir sans avoir réussi… Il faudrait lui écrire de rentrer nous voir… ou bien mieux, aller a Paris.

— Aller à Paris ?

— Pourquoi pas. Nous irons pour le voir… c’est très naturel… Au besoin j’irai seule. Mais, sans prévenir, de façon à ce que je puisse mieux me rendre compte.

— Peut-être !… Comme tu voudras ! Mais auparavant, on pourrait tenter une dernière fois d’écrire à Alfred.

Justement, à ce moment, on sonnait à la porte du logis.

C’étaient Aglaé et sa mère qui venaient demander s’il y avait des nouvelles.

— Toujours les mêmes… c’est-à-dire encore rien de précis.

Et Mme Valentin recommença pour la mère d’Aglaé à exposer ses appréhensions, tout en faisant certaines réserves