Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 48 —

même l’assurance qu’elle m’aimait avant de demander officiellement sa main à vos parents…

— Dans ce cas, je n’ai rien à dire. Mais j’espère que, dès demain, cette demande sera faite officiellement à ma cousine qui représente ici ma famille.

— Sans doute, Monsieur, sans doute…

— Autrement, je vous demanderais compte… sur un autre terrain… de l’insulte faite à ma sœur…

— Certainement, mais il faut au moins que j’obtienne le consentement de mon père qui, je vous en préviens, acceptera difficilement une jeune fille qui n’a pour dot que sa jeunesse…

— Alors, si vous n’étiez pas sûr, Monsieur, de ce consentement, pourquoi abusiez-vous de la candeur et de l’innocence de cette enfant…

Adrienne entra à son tour à cet instant :

— Qu’est-ce que j’apprends ? dit-elle. Ici, sous mon toit, vous avez osé, Monsieur Declaux…

— Oh !… Madame…

— Pas d’ironie ! Il faut réparer et épouser Julie… Savez-vous ce que cette malheureuse vient de me dire, qu’elle se suiciderait si vous ne la preniez pas pour femme… Il faut réparer, mon petit, tant pis pour vous… Quant à la dot tranquillisez-vous, elle a une vieille marraine de 80 ans millionnaire qui lui léguera toute sa fortune… Voilà de quoi apaiser, je pense, les susceptibilités de Monsieur votre père…

— Oh ! que me dites-vous… Mais du moment que je peux dire cela à mon père, notre bonheur est assuré… Je cours au contraire, l’avertir…

Et Paul s’en fut.

Alfred regardait Adrienne en riant… Julie, qui avait tout entendu, cachée derrière une tenture, survint, et s’exclama :

— Ah ! Madame !… Madame ! Le coup de la marraine c’est épatant !

— Toi, ma petite, tâche de te tenir bien jusqu’après la cérémonie, car j’entends, comprends-tu, aller jusqu’au mariage inclusivement.

— Ce sera difficile. Nous ne sommes pas en Amérique où il suffit d’aller chez le pasteur.