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tout autre effet que ne le croyait son amie. Tout de suite, il avait échafaudé tout un nouveau plan. La jeune fille ne semblait pas repousser ses avances. Ma foi, en lui promettant le mariage, il arriverait peut-être à la conquérir sans passer devant le maire.

La fille de petits fonctionnaires de province, du moment qu’elle n’avait pas de dot, pouvait fort bien se contenter, comme situation sociale, d’être l’amie d’un avocat riche et distingué… Et ce serait une vengeance contre Adrienne qui, depuis qu’il était reçu de nouveau chez elle, s’était montré si réservée à son égard, repoussant toutes les avances de son ancien amant…

Il trouvait l’aventure pleine de piquant, et se voyait déjà enlevant cette petite, et jugeant de la fureur de sa cousine qui aurait à s’expliquer avec les parents…

De ce jour, il se fit plus pressant auprès de Julie, qui riait sous cape, en entendant les allusions toujours voilées dont il se servait.

Une après-midi qu’il était venu un peu avant l’heure du thé, il se décida à porter un grand coup et à faire une déclaration en règle.

Il y alla d’un petit discours bien préparé, jurant que c’était précisément l’absence de dot qui l’engageait à parler, certain qu’en faisant sa démarche elle ne serait pas jugée intéressée. Il offrait tout à la fois, son cœur et sa fortune à la rougissante Julie, qui soupirait toujours et finit par lui dire :

— Je ne sais pas que vous répondre…

— Dites oui. Rendez-moi le plus heureux des hommes.

— Il faut que j’en parle d’abord à ma cousine.

— Non… Plus tard… quand je vous le dirai…

— Pourquoi donc… ?

— Parce que, lorsque vous m’aurez dit ce « Oui » tant attendu, il faudra que j’en parle à mes parents, que je les habitue à cette idée d’un mariage avec une jeune fille sans fortune… Vous comprenez qu’autrement ils s’y refuseraient… Votre cousine en serait très froissée, et notre bonheur, ce bonheur auquel je tiens tant serait infailliblement compromis…