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lente famille. La seule chose qui le chagrinât, c’est que la dot de Julie serait vraisemblablement offerte par Adrienne, et, ma foi, il était un peu gêné étant données ses anciennes relations avec la cousine de celle qu’il espérait épouser.

Son ancienne maîtresse s’en était rendu compte et un soir, à l’heure du thé, elle avait, sans en avoir l’air, amené la conversation sur ce sujet :

— Si ma jeune cousine prolonge trop longtemps son séjour à Paris, avait-elle dit, elle s’en retournera certainement avec un mari : car j’ai déjà reçu plusieurs demandes pour elle… Mais elle n’est pas pressée, n’est-ce pas, Julie ?

— Oh ! non, ma cousine…

— D’ailleurs, aucun de ces partis ne lui convenaient. Et puis, il faut le dire, Julie est une jeune fille bien élevée, mais elle n’aura pas de dot. Et ce n’est pas moi qui lui en donnerai une ; elle a à ce sujet des idées bien arrêtées, et elle a déjà refusé l’offre que je lui en avais faite…

— Certainement, ma cousine, répétait Julie bien stylée, non seulement je ne veux rien de votre fortune, mais j’entends me marier sans dot, afin d’être certaine d’être aimée pour moi-même.

Paul était fixé…

Quant à Jeanne, qui commençait à craindre que la jeune fille ne lui enlevât son amant, cette révélation la remplit de joie. Paul n’épouserait certainement pas une femme sans dot ; et quant à faire de cette enfant sa maîtresse, c’était impossible. Elle aurait presque remercié Adrienne de sa déclaration.

D’ailleurs, les deux femmes étaient redevenues très bonnes amies. Jeanne n’avait jamais eu à relever la moindre incorrection, ni dans l’attitude de son amant, ni dans celle d’Adrienne… Au début de la reprise de leurs relations, ils avaient bien un peu été gênés (cela se conçoit) mais, depuis, de nouvelles habitudes avaient été prises. Il faut dire aussi que Mme Rouchaud ne recevait jamais le couple hors de la présence de ses deux cousins, qui semblaient maintenant occuper toute son existence…

Mais la révélation d’Adrienne avait produit sur Paul un