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donnez-moi ma cousine, je me sens parfois des ardeurs que… je voudrais bien satisfaire.

— Voyez-vous cela… ce jeune Alfred… Il se sent des ardeurs !…

— Il n’y a pas de quoi rire.

— Et que veux-tu que je fasse ? Je ne vais tout de même pas prendre ce que tu me racontes là au sérieux.

— Ma cousine, je voudrais bien que vous me laissiez sortir seul de temps en temps.

— Eh bien ! Il ne manquerait plus que cela !… Tu oublies que ta mère t’a confié à moi, qu’elle compte que je la remplacerai pour t’éviter « les tentations qui guettent toujours un jeume homme seul à Paris ». C’est ce que je fais, mon petit Alfred, et ainsi je remplis strictement mon devoir… Ne pense pas que je me relâcherai un moment de cette surveillance. Il y a trop de dangers dans la capitale pour que je t’accorde la liberté que tu me demandes… Nous verrons cela plus tard…

Alfred était stupéfait. Sa tante était décidément une énigme. Il avait bien deviné qu’elle s’embarrassait peu de préjugés, et l’histoire même de sa vengeance contre M. Declaux le lui prouvait encore… Et voilà qu’elle se montrait soudain jalouse de sa vertu… à lui !…

— Allons, dit Adrienne, si tu veux me faire plaisir, ne me parles plus de cela.

L’entretien, ce soir là, n’alla pas plus loin.

Mais Alfred ne se tenait pas pour battu. Quelques jours plus tard, alors qu’il venait du théâtre avec sa tante (cette fois on n’avait pas emmené « sa sœur ») et tandis que celle-ci enlevait son chapeau, le jeune homme qui avait accompagné Adrienne jusque dans sa chambre voulut frapper un grand coup :

— Ma cousine, lui dit-il, je ne comprends pas. Vous voulez que je reste sage et vous m’emmenez au théâtre voir des choses et surtout des femmes qui m’excitent toujours au point que lorsque je rentre, je suis comme fou…

— Comment, tu reviens encore sur ce sujet ?

— Oui, j’y reviens. Je ne peux pas faire autrement que d’y