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grand service. Tâchez de me seconder intelligemment et je vous en serai reconnaissante,

— Vous pouvez avoir confiance en moi, ma cousine.

— Allons, dormez bien et ne rêvez pas trop à votre prétendue sœur. Surtout, tâchez de ne plus lui faire la cour, et quand vous voudrez une petite amie, allez la chercher ailleurs que parmi mes domestiques.

Le ton d’Adrienne était cette fois très aimable, et Alfred comprit qu’il commençait à gagner les bonnes grâces de sa tante. La façon dont cela lui arrivait n’était évidemment pas celle qu’avait prévue aa famille, mais c’était la un détail qui n’avait aucune importance, la fin devant justifier les moyens.

Et puisqu’il était assuré maintenant de la reconnaissance de sa parente riche, il s’endormit satisfait et rêva qu’il retournait chez lui, arrivant dans sa ville natale dans une superbe limousine, avec, dans sa poche, un portefeuille bourré de billets de banque.

v

Le plan d’Adrienne


C’était une idée machiavélique que celle conçue par Adrienne pour se venger de l’infidèle Paul et de la traîtresse Jeanne. Elle avait passé toute sa journée à la retourner dans tous les sens, à la mettre au point, à la parfaire complètement.

Elle lui était venue en pensant à toutes les contrariétés qui l’avaient assaillie depuis le matin.

Elle se résumait en ceci : faire épouser à Paul sa femme de chambre en la faisant passer pour sa nièce. C’est pourquoi elle s’était tant de fois répété qu’il était dommage qu’au lieu d’Alfred, sa belle-sœur ne lui eût pas envoyé sa fille. Dans ce cas, elle aurait réexpédié celle-ci à ses parents, ou mieux l’aurait confiée à une pension de famille des environs de Paris, et aurait fait prendre sa place par Julie.