Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 30 —

— Les ordres de Madame seront exécutés. Madame peut compter absolument sur moi.

— C’est très bien, mais il faut vous habituer, vous aussi, à ne plus me dire Madame et à m’appeler « Ma cousine ».

— Ça, par exemple, ce sera rigolo.

— Voilà une réflexion saugrenue : il faudra aussi étudier votre façon de parler. D’ailleurs je vous donnerai des leçons.

— Oh ! ce ne sera pas là peine, Ma… ma cousine, je saurai m’y prendre.

— C’est bien, mon enfant, dites bonsoir à votre frère, et montez dans votre chambre… pour la dernière fois, car il est évident que ma cousine ne peut coucher dans une mansarde au sixième. À partir de demain, vous prendrez possession de la petite chambre inoccupée qui est contiguë à la mienne. D’autant plus que de cette façon, ma chambre se trouvant entre la vôtre et celle d’Alfred, je pourrai mieux vous surveiller tous les deux.

« Allons, mon cousin, dites bonsoir à votre sœur.

Alfred était abruti. Tant d’événements bizarres et imprévus le stupéfiaient…

Le pauvre jeune homme débarqué dans la journée à Paris, se pinçait pour se persuader qu’il ne rêvait pas. Il pensait que sa tante devait être un peu folle, mais il n’osait pas le dire.

Et, obéissant, il dit, en regardant Julie :

— Bonsoir, ma sœur.

La fine mouche lui répliqua en riant :

— Bonsoir, mon frère !…

Et elle monta dans sa chambre, Elle non plus ne comprenait pas très bien où sa patronne voulait en venir, mais elle se disait que le personnage qu’elle allait jouer était facile à tenir et cela lui suffisait.

Alfred restait seul avec sa tante.

Celle-ci crut bon tout de même de lui donner quelques explications :

— Mon petit ami, lui dit-elle, je ne suis nullement folle, comme vous seriez tenté de le croire. Ce que je vous demande — pour quelque temps seulement — me rendra un