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étaient couchés, et il n’y avait plus dans l’appartement que lui et Elle.

Évidemment Adrienne n’avait pas pensé à cela, Mais Adrienne, nous le savons, avait d’autres préoccupations.

Quant à Julie, elle se faisait à peu près les mêmes réflexions qu’Alfred, se disant qu’ils étaient seuls tous les deux, et que ce pouvait être une bonne occasion de faire connaissance.

De temps en temps, elle venait près de la porte et écoutait. Elle colla même un œil indiseret à la serrures et ne fut pas peu surprise de voir le jeune homme se promener de long en large… Elle le vit même deux ou trois fois s’approcher de la porte et se recula précipitamment, s’attendant à voir Alfred pénétrer dans la pièce…

Mais si Alfred s’était dirigé vers la porte deux ou trois fois il s’était toujours borné à s’arrêter, puis avait reculé.

Il se disait :

— Il n’y a que cette porte à ouvrir.

Mais il ne l’ouvrait pas. Une crainte mystérieuse le clouait sur place,

Son audace alla jusqu’à mettre la main sur le bouton, mais ce fut tout. Au moment de faire le geste décisif, sa timidité triompha et il s’en fut, étouffant le bruit de ses pas comme s’il venait de commettre un crime, puis alla se jeter sur le divan où il reprit sa conversation amoureuse avec l’oreiller…

Julie qui, elle, attendait que la porte s’ouvrit, commençait à s’impatienter.

À la fin elle haussa les épaules et se décida.

Or, quand une femme se décide, elle n’hésite plus.

Julie n’hésita donc pas. Elle frappa, appelant

— Monsieur Alfred ?…

Alfred bondit. Cette fois, il n’y avait pas de raison d’écouter sa timidité.

Et pourtant, ce fut à travers la porte qu’il répondit.

— Qu’y a-t-il, Mademoiselle ?…

Il avait dit « Mademoiselle », ne sachant pas comment interpeller la servante de sa tante.

— Ouvrez-moi, je vous en prie…

Et Alfred ouvrit. Oh ! il n’ouvrit pas tout d’un coup, il