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Il était bien décidé à conquérir sa sympathie, à flatter ses manies, mais elle lui paraissait très éloigné de lui et ne le considérait guère que comme un potit jeune homme avec lequel elle était résolue à garder ses distances.

Pour lui, il n’oserait jamais, tant elle l’intimidait, devenir trop familier avec elle. Et elle était trop jeune, trop chic, trop dissemblable des dames respectables qu’il avait jusqu’alors rencontrées dans sa famille ou chez les amis de ses parents.

Heureusement il y avait Julie. Grâce à elle peut-être pourra-t-il connaître le moyen d’atteindre le but pour lequel il était venu à Paris et obtenir le don généreux sans lequel il ne pourrait pas retourner dans sa ville natale et épouser Aglaé…

Tout l’encourageait donc à se rapprocher de la femme de chambre de sa tante, et il trouva cette idée d’autant plus heureuse qu’elle répondait à ses secrets désirs,

Car ses secrets désirs, qu’il ne s’avouait à lui-même qu’en tremblant d’une telle audace, étaient de connaître plus intimement les charmes de la soubrette.

Son cœur battait bien fort, car c’était la première fois qu’il entrevoyait la possibilité de connaître les plaisirs défendus de l’amour. Non pas qu’il eût jamais désiré posséder plusieurs des jolies filles qu’il avait pu entrevoir, car il y en avait blen aussi dans son pays, mais parce que pour la première fois, il se sentait dégagé de la tutelle de ses parents ce qui lui permettait d’aller au delà des simples soupirs dont il avait toujours dû se contenter à l’égard des femmes dont les appas l’avaient tenté…

Par habitude, il pressait contre lui son oreiller, geste par lequel il avait coutume de se procurer l’illusion des enlacements défendus…

Il entendait Julie aller et venir dans la chambre voisine.

Il la savait seule, ayant très bien distingué la voix de sa tante disant à la servante :

— Vous m’attendrez et me préparerez un souper léger pour quand je rentrerai après le spectacle, vers minuit.

Mme Rouchaud était donc sortie, Les autres domestiques