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La dernière réflexion de Julie le transporta d’aise.

— Elle me trouve gentil ? se dit-il.

Et il s’étendit, heureux, sur son divan, sans envoyer même une pensée à la pauvre Aglaé…

iv

L’aimable Camériste


En disant à sa patronne qu’elle trouvait Alfred gentil, Julie, qui — on a pu s’en rendre compte — était plutôt franche, n’avait rien célé de ses sentiments à l’égard du jeune homme.

Tout d’abord, bonne fille, elle s’était dit :

— Voilà un pauvre petit qui arrive de chez lui le bec enfariné et sa tante veut le recevoir comme un chien dans un jeu de quilles. Ça, ça n’est pas bien. Moi je serai gentille avec lui.

Ce bon sentiment dicta d’abord l’attitude de Julie. Et puis, ma foi, quand Alfred fut arrivé et, tandis qu’il attendait sa tante, elle se dit que le jeune Valentin serait peut-être une conquête facile, que venant de sa province et encore inexpérimenté, il se laisserait d’autant mieux prendre que Julie elle-même était jolie et désirable.

Où cela la conduirait-elle, elle n’en savait rien. Mais elle pensait qu’avec » le neveu de Madame », il y aurait peut-être quelque chose à gagner.

Alfred, avons-nous dit, s’était étendu sur son divan. Il ne s’était pas mis pieusement au lit. Couché tout habillé, il réfléchissait et essayait de tirer des conclusions de sa première rencontre avec la tante riche.

Tout de suite il se dit que les recommandations paternelles et maternelles si bien intentionnées qu’elles fussent, ne pouvaient être suivies à la lettre.

La veuve de son oncle, d’abord, était en réalité toute différente de ce qu’il s’était imaginé.