La lettre disait, à peu près du moins :
« Le gouvernement fait appel à votre dévouement pour diminuer autant que possible le nombre toujours croissant des procès entre les habitants de Saint-Yvan. »
Dans le premier moment, le commandant Mathias froissa entre ses mains lettre et décret ornés de toutes les signatures officielles.
Pendant une heure, furieux, se promenant de long en large, il ne cessa de répéter :
— Il me la baille belle, le ministre. Est-ce que je lui dois du dévouement, moi, à ce contremaître de porte-robes et de rabats ?
La visite du préfet lui revint en mémoire. Soudain, le jour se fit en lui.
— Mais ce pékin-là m’a roulé comme un simple gabier ! s’écria-t-il.
Puis, continuant de se parler à lui-même :
— Ah ! l’on m’a comme cela pris au mot… Eh bien ! je vais leur montrer si je suis un gabarrier, moi !
Le lendemain, le garde champêtre, qui était en même temps chargé de promulguer au son du tambour les actes officiels de la municipalité et autres, parcourait la grande rue de Saint-Yvan et lisait aux habitants ce singulier avis :