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— Des gabarriers ! fit le commandant… des gabarriers, je vous dis… Les gens de Saint-Yvan ne sont pas plus méchants, pas plus difficiles que d’autres ; le tout est de savoir les prendre… Voyez, moi, m’ont-ils jamais rien fait, ces garçons-là ? Jamais…

Les choses étaient justement au point où on voulait les amener.

— Mais, interrompit le préfet, une idée. Pourquoi ne seriez-vous pas, vous, commandant, le juge de paix que nous cherchons ?

Cela avait été dit d’un ton moitié sérieux et comme si la proposition surgissait tout à coup, sans préparation aucune.

Le commandant eut un haut-le-corps, puis, regardant bien en face le premier magistrat du département :

— Mais vous voulez donc ma mort ! fit-il en ponctuant sa phrase d’un franc éclat de rire.

Six semaines après cette singulière entrevue, le facteur remettait au commandant Mathias un grand pli cacheté contenant une lettre du ministre et sa nomination de juge de paix du canton de Saint-Yvan.