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Même entre eux, les Saint-Yvanais restaient d’incorrigibles plaideurs.

La charge d’huissier de Saint-Yvan était l’une des plus productives et, par conséquent, des plus recherchées de France ; celle de juge de paix, au contraire, était souvent sans titulaire. Le ministre avait beau faire appel à l’ambition des jeunes licenciés, faire miroiter aux yeux d’anciens notaires ou d’anciens greffiers les avantages exceptionnels attachés à la charge, entre autres des appointements de deux mille quatre cents francs, licenciés, notaires, greffiers, préféraient attendre ou rester sans emploi.

Or, le canton de Saint-Yvan se trouvait encore sans juge de paix.

Le ministre, de plus en plus embarrassé, écrivit au préfet. Ce dernier eut cette fois une idée géniale. Après avoir longuement cherché, il pensa au commandant Mathias.

Mais songer au commandant n’était point suffisant ; il fallait le convaincre, le décider ; là était réellement le coup de maître.