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alloit disposer la table pour que l’on pût servir le souper.

Malgré la mollesse de mon caractère, je ne descendis jamais à ce point de complaisance ; ma maison m’étoit désagréable, et je n’avois pas la force d’éloigner les sujets de mon mécontentement. Chaque jour je me promettois bien de renvoyer cette foule de fainéans, et je n’en faisois jamais rien. Je n’étois pas plus heureux au dehors que chez moi ; j’étois dégoûté de mes anciens compagnons ; ils m’avoient bien prouvé le jour de mon accident, qu’ils s’inquiétoient peu que je fusse mort ou vivant ; et je m’étais convaincu de plus en plus de leur égoïsme et de leur folie. C’étoit une vraie fatigue pour moi de montrer quelque contentement et quelqu’ombre de gaîté dans leur société,