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mens et à bien préparer mes moyens. Aurois-je prévu, dix ans plutôt, que je dusse jamais passer mes nuits de la sorte ?

La cause est appelée : je me lève pour prendre la parole. Que je fus heureux de ne pas savoir que lord Y*** fût présent à l’audience ! Certes, je n’aurois pu prononcer trois phrases si mes yeux l’eussent aperçu dès l’exorde de ce premier plaidoyer. Tout homme sensible (et quel autre pourroit devenir orateur !) sait qu’il est plus difficile de parler devant un seul ami d’un goût délicat et qui tremble pour vos succès, que devant des milliers d’auditeurs inconnus ou indifférens. Ignorant quel personnage fixoit son attention et son plus vif intérêt sur moi, je parlai avec confiance et facilité, car je traitois un sujet dont