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Quoique mon extrême économie m’eût délivré de tout souci d’argent, j’en éprouvois un d’une autre espèce, en abandonnant l’Irlande. Je laissois mademoiselle Delamère entourée d’admirateurs, et auprès d’une mère qui employoit toute son influence et tout son art pour la décider à faire choix de l’un d’eux qui étoit aussi distingué par son rang que par sa richesse. J’avois été témoin de tous ses efforts ; mais l’honneur m’obligeoit à rester passif, à ne point découvrir mes sentimens, et à ne rien faire pour gagner les affections de celle qui étoit le but de tous mes vœux et de tous mes travaux. Le dernier soir que je la vis chez lord Y***, avant mon départ pour l’Angleterre, je souffris plus que je ne puis le dire, au moment surtout où je fis mes adieux et où je pris congé d’elle avec