Page:Edgeworth - L Ennui.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quatorze chevaux, et je continuai de vivre ; mais je me lassai de tuer des chevaux, et ne me lassai pas de manger avec excès. Je fus attaqué de maux de nerfs, suivis d’une grande mélancolie. Le desir de mettre fin à mon existence se présenta souvent à moi ; plusieurs fois je me fixai sur le choix des moyens : mais l’exécution en fut toujours retardée, et cela pour les causes les plus puériles. Une fois, c’étoit pour voir terminer un colombier que je faisois bâtir ; une autre fois c’étoit pour at-

    que dans quinze minutes je tuerois le plus beau cheval. Au contraire, je me rends la justice de dire que je vis avec plaisir perdre cette gageure par celui qui l’avoit faite. Au bout de quatre minutes, le cheval en effet perdit haleine, mais il n’expira qu’après la quinzième.