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n’étoit jamais assez tôt quittée ; comment s’arrêter tant que les guinées ne manquent point, et que vos roues ne sont point cassées ? Le milord anglais arpenta ainsi la moitié du globe, sans diminuer d’un ïota son ennui. J’avois encore trois ans à languir jusqu’à ce que je fusse majeur. Que d’argent je dépensai pour prendre courage, en attendant ce moment fortuné ! plus je desirois le hâter, plus il sembloit arriver lentement : j’épuisai à-la-fois ma bourse et ma patience.

Il arriva enfin ce jour si désiré ; mes vingt et un ans révolus, je pris possession de mes biens. Les cloches carillonnèrent, on alluma des feux de joie, ce n’étoit que danses et festins, partout le vin couloit en abondance, les airs retentissoient de cris d’allégresse ; entouré de mes amis et de mes