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point de terme précis pour qualifier ce mal. Mais hélas ! le mot propre s’est naturalisé chez nous. Dans la haute société, parmi les gens du bel-air, et du bon ton, qui ne connoît… l’ennui ? D’abord je ne comprenois rien à mon nouvel état ; je sentois un malaise que je ne pouvois définir ; les signes extérieurs n’en étoient pourtant pas équivoques. Une inquiétude continuelle agitoit mes membres, des bâillemens fréquens me coupoient la respiration, mes bras s’étendoient d’une manière convulsive ; incapable de rester un moment à la même place, je ne pouvois fixer mon esprit sur aucune pensée, arrêter mes yeux sur aucun objet ; le repos m’étoit impossible, et le travail m’étoit insupportable. Si quelque émotion imprévue ne venoit m’arracher à cette apathie, à ce vide