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mais il y a une difficulté : il faut prendre garde de ne pas éterniser la misère, en soulageant les misérables du moment. La pitié que nous avons pour une classe nous rend quelquefois cruels envers une autre. On dit qu’il y a dans l’Inde des bramines si compatissans, qu’ils paient des mendians pour se laisser dévorer par les puces ; il me semble qu’il vaudroit mieux laisser les puces mourir de faim.

Je ne compris pas d’abord ce que M. M’Léod vouloit dire ; mais je l’appris bientôt de la foule de pauvres de toutes les espèces qui abandonnoient leur métier, leurs travaux pour venir m’importuner de leurs demandes. L’argent que je donnois étoit aussitôt dépensé chez le cabaretier, ou devenoit le sujet d’une querelle de fa-