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de leur vie ; leurs ossemens aigus cherchoient à se faire jour à travers une peau desséchée. L’un aveugle avoit le dos endommagé, l’autre boîteux avoit le cou écorché ; l’un incliné jusqu’à terre y reposoit sa tête appuyée sur son collier, l’autre la portoit en avant, et tirée par un bout de bride que tenoit une espèce de mendiant, dont une moitié de chapeau et une moitié de perruque placés en sens contraire couvroient la nuque singulière. Un long sarot, noué avec une corde de foin lui couvroit le corps ; cette jaquette découpée en différens endroits y laissoit apercevoir ses jambes nues et marbrées de différentes couleurs. Des restes de bas descendoient sur ses talons ; je n’essaierai pas de dépeindre les sauvages clameurs qu’il poussa pour encourager ses coursiers, ou pour les menacer.