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aussi de mes camarades dont j’étois las. Fatigué de l’Angleterre, j’avois besoin d’un spectacle nouveau, dût-il être cent fois pire que tout ce que je connoissois. Telles étoient mes secrètes raisons, j’en alléguai de plus nobles et d’assez plausibles. Il étoit de mon devoir de visiter mes domaines, et d’encourager mes vassaux en passant quelque temps au milieu d’eux. On se fait volontiers des devoirs de ce qui nous convient et de ce qui entre dans nos goûts ; et puis j’avois promis à Ellinor ; un homme d’honneur devoit tenir sa parole, même à l’égard d’une pauvre vieille femme. Bref, quand une résolution est bien prise, on ne manque jamais d’argumens pour la justifier. La moitié des hommes se conduisent d’après des motifs de cette force ; enfin je résolus de me rendre en Irlande.