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qu’il aimait ; il ne s’était pas permis de chercher à s’emparer de son cœur. Peut-être il aurait pu lui dérober ce cœur innocent, tendre et ardent ; il le savait, mais il avait respecté sa cousine, et il se flattait de lui avoir laissé la possibilité de donner ce cœur, quelque jour, à un homme digne d’elle. Cet espoir de la voir heureuse le soulageait, et il s’applaudissait d’avoir fait le bonheur de son père et de sa mère. Mais à peine son esprit se porta sur ce dernier motif de consolation, qu’une cruelle réflexion suivit cette pensée ; sa mère allait être déçue dans l’espérance qu’il l’accompagnerait en Irlande ; elle allait être malheureuse en apprenant qu’il partait pour l’armée ; et cependant il le fallait, et il était indispensable qu’il lui écrivît pour l’en informer. « Plutôt je serai débarrassé de cette pénible tâche, » se dit-il, « plutôt j’aurai fait partir cette lettre, et