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du partage, les voleurs se séparèrent. Félix fut se coucher ; quant au sommelier, dont la conscience n’était pas encore étouffée, et qui, dans le silence de la nuit, se trouvait bien misérable il eut besoin, pour avoir le courage de sa mauvaise action, de faire de nouvelles libations. Il se rendit donc à la cave de sa maîtresse, et là, buvant verre sur verre, il perdit si complétement la raison, qu’il ne parvint qu’avec beaucoup de difficultés à retrouver son lit. Il se jeta sur son grabat, tenant encore la chandelle allumée, et mit le feu à ses rideaux.

Heureusement pour lui et pour la maison tout entière, Franklin ne dormait pas. À la clarté inusitée qu’il aperçoit dans la chambre du sommelier, il saute sur son séant, il se lève, il s’habille précipitamment, et courant jusqu’au lit de Tirebouchon, il le secoue, le réveille, et prend aussitôt les mesures nécessaires pour éteindre le feu. Félix, tout tremblant et tout honteux, ne sachant à quoi attribuer cet accident, exécuta les ordres de Franklin. Quant à Mlle Pamfret, qui avait une frayeur extrême du feu, elle se sauva de sa chambre, disant seulement qu’elle avait sur sa table à toilette deux pots remplis d’eau. Franklin court les chercher à l’instant, et jette l’eau avec tant d’habileté qu’en quelques minutes tout danger avait disparu.