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dans le secret, et qu’il n’était pas dupe de sa dissimulation. Le sommelier vit dès lors qu’il n’avait rien à lui cacher, et que Félix était bien déterminé à favoriser le projet des voleurs.

La nuit suivante ils se tous deux au cabaret. Tirebouchon hésitait encore ; mais à la pensée que ses dettes seraient payées, que son amour de la bouteille, qu’il ne pouvait plus satisfaire, serait à l’abri d’un refus, ses scrupules cessèrent, il assura que son concours serait acquis ; après avoir pris l’heure du rendez-vous, il but un grand verre de vin, et on convint qu’il remettrait aux voleurs la clef de la maison. Félix les embarrassait un peu ; ils craignaient qu’il ne divulguât le complot, qu’il ne les vendît, et que la police ne vînt les arrêter au moment où ils s’empareraient de leur butin. Mais Félix était rempli de vanité, et en flattant son orgueil il était facile de se l’attacher tout à fait. On lui parla donc de cravates brodées, de chemises fines ; on lui dit que les hommes comme il faut en portaient, et que, s’il pouvait s’en procurer, il passerait certainement pour un monsieur. Enfin on lui en montra, et on lui dit à quelles conditions on les lui donnerait. Félix consentit à tout et promit de venir, dés le lendemain, remettre aux voleurs réunis chez son cousin la clef de la maison.

Le complot bien arrêté, ainsi que les conditions