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— En bien ! puisque j’ai, dit que je ne voyais, pas d’empêchement à ce qu’il entre, je tiendrai parole ; faites-le venir dès demain, qu’il reste ici pendant un mois, et nous verrons quel sera le meilleur des deux. »

Mlle Pamfret reçut ces ordres avec une satisfaction marquée ; elle s’empressa de terminer son ouvrage, et d’aller raconter ce qui se passait à la cuisinière, afin de lui prouver ainsi qu’elle savait conserver toute son influence dans la maison.

Félix, le neveu de la cuisinière, arriva le lendemain matin. Quand il entra dans la cuisine, tous les yeux se fixèrent sur lui, d’abord avec complaisance, puis avec admiration. Franklin, au contraire, n’était regardé qu’avec pitié, ce qu’il ne supporta pas sans confusion, quoiqu’il eût la conscience tranquille.

En considérant les deux enfants, on devait naturellement préférer Félix ; il avait déjà les habitudes du monde ; le maintien, le geste, presque le langage d’un homme comme il faut ; il portait avec cela des souliers vernis, une cravate, des chaussettes fines, une chemise brodée, toutes choses qui frappent les yeux et excitent l’admiration du vulgaire. Franklin, se rappelant les conseils de M. Spencer, savait que des souliers vernis et des chemises brodées ne constituent pas un bon serviteur. Il résolut donc d’effacer, par ses bons