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— Je le désire, mais je n’ose l’espérer. Pour ma part, je n’ai pas beaucoup de confiance dans les gens de cette sorte. Ces enfants sont pris dans ce qu’il y a de plus mauvais, et quoi qu’on fasse, ils suivent toujours les mauvais exemples de leurs parents.

— Ils ne vivent pas avec leurs parents ; comment voulez-vous donc qu’ils suivent des exemples qu’ils n’ont pas sous les yeux ? Si Franklin a le malheur d’avoir pour père un misérable, ce n’est pas une raison pour le repousser ; d’ailleurs, il a reçu une bonne éducation.

— Oh ! pour cela, madame, et sans rien dire de mal contre l’éducation, je puis vous assurer que l’éducation ne change pas notre nature. Chacun de nous vient au monde avec des penchants, avec des inclinations, et certes la meilleure éducation du monde ne peut pas les détruire ; et pour ma part, je ne voudrais certainement pas avoir chez moi un enfant qu’aurait élevé la société vilainthropique : il doit avoir une nature mauvaise. Je vous assure, madame, que j’aurais peur.

— Vous avez tort, Pamfret. Si je vous écoutais si je renvoyais cet enfant, comment ferait-il pour vivre ? Mendier ou voler, voilà sa seule ressource.

Mlle Pamfret, qui en définitive était une bonne créature, touchée de cette alternative, s’écria :