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— Mais je ne veux pas non plus vous garder. Reprenez votre mouchoir, montez au dortoir, habillez-vous et allez-vous-en. Si j’avais encore quelque espoir de le ramener, je le conserverais, ajouta M. Sincère dès que l’écolier fut sorti ; mais je n’ai pas cet espoir. Le châtiment ne convient qu’à ceux qui peuvent devenir meilleurs ; quant à ceux qui n’ont pas assez de cœur pour sortir de leur état d’abjection, il faut leur appliquer ces paroles de l’Évangile : « Si l’arbre ne vaut rien, coupez-le et le jetez au feu. »

À ces mots, Loveit et ses autres complices déclarèrent qu’ils méritaient qu’on les traitât de la sorte.

« Oh ! ils sont bien assez punis comme cela, dit le vieillard ; pardonnez-leur, monsieur, pardonnez-leur, je vous en prie. »

Hardy se joignit au vieillard.

« Ce n’est pas parce que vous me le demandez, dit M. Sincère, que je pardonne, bien que j’aie une grande vénération pour vous ; mais il y a parmi ces jeunes enfants un garçon qui a mérité une récompense, et je suis sûr que je ne puis lui faire plus de plaisir qu’en lui accordant la grâce de ses camarades. »

Hardy était rayonnant de joie et heureux de voir tous les élèves lui témoigner leur cordiale sympathie. « Je suis certain, mon cher Loveit, dit-il, que c’est là une leçon dont tu sauras profiter.