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Hardy : « Jamais, je l’avoue, je n’ai été aussi cruellement trompé qu’en ce moment. J’avais placé en vous ma confiance ; je vous croyais un jeune homme d’honneur, et voila que vous donnez l’exemple de la désobéissance la plus effrontée, Vous êtes un voleur.

— Moi, monsieur ? s’ecria Hardy ; et il fondit en larmes devant une pareille accusation.

— Vous et plusieurs autres.

— Demandez-lui de vous nommer ses complices, interrompit M. Pouvoir.

— Je ne veux rien lui demander. Que voulez-vous tirer d’un écolier qui n’a pas conservé intact le sentiment de la probité ? La vérité et l’honneur n’habitent pas sous les vêtements d’un voleur.

— Je ne suis pas un voleur, je n’ai jamais eu rien de commun avec ce monde-là, s’écria Hardy indigné.

— N’avez-vous pas volé ce vieillard ? n’avez-vous pas pris ses pommes ?

— Non, monsieur, je n’ai jamais touché aux pommes de ce vieillard.

— Vous n’y avez jamais touché ? Prenez garde ! je ne tolère pas de honteuses équivoques. Vous avez eu la honte, l’indignité, l’infamie, la bassesse de chercher à empoisonner son chien ; vous ne le nierez pas sans doute, puisque la viande empoisonnée a été retrouvée cette nuit dans votre poche ?