Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la trop fameuse expédition. Le matin, tous les enfants s’assemblèrent, se consultant des yeux et s’abordant avec une certaine anxiété. Tarlton considérait Loveit comme l’auteur de tout ce qui se passait, et l’apostrophant d’un ton de colère mal contenue :

« Que dis-tu de cela ? Tu as instruit Hardy de nos projets malgré ta promesse. Nous voilà maintenant de jolis garçons ! Loveit, c’est ta faute.

— Toujours ma faute, pensa Loveit, toujours ma faute !

— Grand Dieu, voici le prisonnier ! » s’écrièrent en même temps plusieurs écoliers qui aperçurent Hardy.

Et tous, se formant en demi-cercle, se demandaient : « Est-ce lui ? Non. — Si. — Le voilà. » Et M. Pouvoir, tenant une baguette à la main, vint prendre place en haut de la salle.

« Taisez-vous ! leur dit-il d’une voix sévère ; que chacun de vous se mette tranquillement à sa place. »

Et chacun s’empressa d’obéir, songeant que le moment était critique et se demandant si Hardy avait parlé, s’il avait accusé quelqu’un. Le remords gagnait toutes les consciences, et tous les petits garnements s’attendaient à subir le châtiment dû à leur faute.

« Il nous a tous dénoncés, dit Tarlton.