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nous sommes battus. Je suis tombé, les domestiques m’ont relevé sans savoir que je n’étais pas un ramoneur. Et vous avez vu le reste… Maintenant, pardonnez-moi, monsieur. »

Et il saisit la main de M. Éden.

« Ami ! pas celle-ci, mais l’autre, dit le quaker en retirant sa main droite qui était très-enflée.

— Ah ! c’est vrai. Vous êtes blessé et cela me rend plus coupable encore ; c’est une leçon que je n’oublierai de ma vie. À l’avenir je me conduirai toujours en homme comme il faut.

— Et en honnête homme, ou cette mine barbouillée est bien trompeuse.

— Oh ! je réponds de mon frère, dit Marianne… Mais il faut te rapproprier, Frédéric. »

Il se mit à laver son visage, et il avait déjà enlevé la moitié du noir qui le barbouillait, lorsqu’on entendit du bruit à la porte. C’était M. et Mme Montagne ; ils s’écrièrent en entrant :

— Ah ! un petit ramoneur couvert de sang !

— Mon père ! c’est moi, dit Frédéric.

— Frédéric !… mon fils !…

— Oui, ma mère, et je n’ai que ce que je mérite. Je vais tout vous dire…

— Non pas, interrompit Mlle Berthe, c’est à mon frère de raconter cette histoire. Il la dira cette fois beaucoup mieux que vous. »

Mlle Thérèse chercha à placer son mot ; mais,