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— Je n’ai pas dit cela. J’ai dit qu’il ne fallait pas être impolis.

— Et tu penses que ce serait une impolitesse de refuser ?

— Je n’ai pas parlé de cela. Mais voyez donc comme elle cherche à disputer sur les mots.

— Je ne dispute pas sur les mots. Je raisonne.

— En effet, disputer, pour les femmes, c’est raisonner. »

À ces mots prononcés d’un ton railleur, Sophie rougit un peu. Son frère, qui était fâché d’avoir été deviné, voulut prendre avantage de cette marque d’impatience.

« Allons, tous tes beaux raisonnements ne t’empêchent pas de te mettre en colère.

— Je ne suis pas en colère, répondit Sophie, que cette remarque fit rougir de plus en plus.

— Tu agites pourtant ton pinceau avec plus de vivacité que de coutume… Mais vois donc, Marianne, le visage de Sophie est un vrai baromètre : il présage la tempête.

— Ah ! cela n’est pas bien, petit frère, répondit Marianne. Tu as vu comment Sophie, hier encore, a excusé la faute que tu as commise, en restant trop tard chez tes amis. Quand j’étais malade, ne préparait-elle pas elle-même mes tisanes et mes bouillons ? Et je t’assure qu’elle s’en acquittait mieux que la garde-malade et la cuisinière.