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taient les mains en disant : « Ce ne sont pas nos enfants qui auraient fait cela ; » et quelques-uns rappelaient à ce sujet qu’ils l’avaient averti maintes fois que la paresse menait à tous les vices.

Quant au valet d’écurie, qui conserva, même en présenoe des aveux de Laurent, une contenance insolente, chacun désirait de le voir jeter en prison. Les accusations de la laitière soulevèrent contre lui l’indignation générale.

« Il faut, dit le fermier, le mener à la prison de Bristol.

— Oh ! dit Jean en prenant les mains de Laurent, laissez-le libre, laissez-le aller, je vous en prie.

— Et moi aussi, ajouta la mère Preston, songez au déshonneur qui va retomber sur sa famille. »

Le père de Laurent, en proie aux plus cruelles angoisses, s’écriait :

« C’est ma faute, c’est ma faute, c’est moi qui l’ai élevé dans la paresse…

— Laissez-le emmener en prison, dit Truck ; il est trop jeune pour être condamné sévèrement ; et il vaut mieux pour lui passer quelques jours à présent dans la prison de Bredewel que d’achever de se pervertir ou d’aller dans cinq ans aux galères. »

On n’en dit pas davantage ; chacun approuva le fermier.