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— Non, répondit Jean, en lançant un coup d’œil méprisant sur l’étranger.

— Mais alors que feras-tu de ton argent ?

— Je te le dirai un autre jour, répondit Jean.

— Allons, dit le valet d’écurie en saisissant Laurent par le bras, allons-nous-en. » Et il se plaça en face de Jean, qu’il regarda attentivement. « Laissons-le seul : il n’est pas des nôtres. Que tu es sot ! ajouta-t-il en sortant de l’étable ; tu savais bien qu’il ne voudrait pas venir avec nous. Il faut avoir ses quatre schellings et six sous.

— Mais comment savez-vous qu’il a cet argent ?

— Je l’ai vu dans la crèche.

— Réellement ?

— Oui, très-réellement. Mais tu n’as su que balbutier. Il faudrait vraiment qu’on te soufflât tout.

— Je suis si honteux ! répondit Laurent en baissant la tête.

— Honteux ! Ne parle donc pas de ta honte. Ne sais-tu pas qu’il te faut pour ce soir un écu, d’une manière ou de l’autre ? » Et, après une assez longue pause, le valet ajouta : « Si encore on pouvait seulement distraire un écu de tout son argent ?

— Voler ! s’écria Laurent avec horreur. Je n’aurais certes jamais cru que je venais ici pour voler à ce pauvre Jean l’argent qu’il a gagné en travaillant.