Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Que d’ordures vous faites-là ; dit-elle ! vous n’avez donc pas essuyé vos pieds sur le paillasson ? »

Jean retourna pour chercher le paillasson, mais il n’en trouva point.

« Oh ! reprit la dame en rappelant ses souvenirs, je ne puis vous blâmer de ce qu’il n’y a point là de paillasson.

— Non, madame, répondit le jardinier ; vous devez vous rappeler que le marchand auquel vous les avez commandés ne les a pas apportés.

— J’en suis très-fâchée, dit la dame, je voudrais trouver quelqu’un qui pût me les faire, n’importe comment, pourvu qu’ils puissent servir à essuyer les pieds. »

Jean entendit ces derniers mots, pendant qu’il enlevait les ordures, et il se dit en lui-même :

« Je pourrais peut-être bien faire un paillasson. »

Le soir, en s’en retournant, il cherchait dans sa tête comment il s’y prendrait pour en venir à bout, pensant bien, avec de la patience et de l’intelligence, vaincre tous les obstacles et surmonter toutes les difficultés.

Il se rappela que la première fois qu’il avait vu Laurent couché près d’un portail, il s’amusait à casser une branche de bruyère en plusieurs morceaux. Il lui sembla que, s’il pouvait se procurer