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un paresseux ; si vous saviez tout, madame, vous verriez que je dis la vérité.

— Que veux-tu dire par là : si je savais tout ?

— Je veux dire si vous connaissiez Pied-Léger.

— Qui est-ce, Pied-Léger ?

— C’est le cheval de ma mère, répondit Jean en regardant par la fenêtre. J’ai besoin de travailler pour le nourrir, ajouta-t-il après un moment de silence, et ce, jusqu’au moment de son départ, et je suis certain que maintenant il s’aperçoit de mon absence.

— Laisse-la-lui regretter un peu plus longtemps, dit la dame, et raconte-moi ton histoire.

— Je n’ai pas d’histoire à raconter, madame ; je ne puis vous dire qu’une seule chose : c’est que ma mère doit payer, de lundi en quinze, une rente de deux guinées, et qu’elle ne pourra y parvenir qu’en le vendant à la foire. Ma mère est bien malheureuse, car elle sait bien que je suis trop jeune et trop faible pour pouvoir, d’ici là, gagner deux guinées.

— Mais es-tu capable de gagner quelque chose en travaillant ? car tu dois savoir qu’il y a une, grande différence entre vendre des pierres et travailler toute une journée.

— Oh ! certainement, madame, je travaillerais volontiers tout le jour.

— Eh bien ! viens ici, mon jardinier te donnera