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ses œillets et ses roses de charmants bouquets qu’elle allait vendre à Clifton ou à Bristol. Quant aux fruits, elle n’avait pas besoin de les porter au marché, les habitants de la ville ayant pris l’habitude d’aller en été manger des fraises et de la crème aux jardins d’Ashton.

La veuve Preston était si obligeante, si active, d’une humeur si enjouée, que tous ceux qui la voyaient en étaient enchantés. Elle vécut ainsi pendant plusieurs années ; mais, hélas ! un automne elle tomba malade, et tous les malheurs arrivèrent à la fois ; son jardin fut négligé, sa vache mourut, et tout l’argent qu’elle avait économisé fut employé à payer des remèdes. L’hiver passa néanmoins ; mais elle était si faible qu’elle ne put se procurer par son travail que d’insuffisantes ressources. Lorsqu’arriva l’été, le propriétaire vint lui réclamer le prix du fermage. Cette somme n’était pas entrée dans sa bourse cette année-là aussi facilement que de coutume. Elle fut obligée de demander, pour s’acquitter, un délai d’un mois qui lui fut accordé ; et, lorsque les trente jours furent écoulés, elle n’eut d’autre ressource pour payer que de vendre son cheval Pied-Léger.

Pied-Léger avait vu de meilleurs jours ; c’était un vieil ami de la ferme. Dans sa jeunesse, il avait porté au marché M. et Mme Preston, et mainte-