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transporter leur chétif mobilier, et en leur faisant faire quelques travaux qu’ils récompensaient par des pommes de terre, du beurre ou de la farine.

Marie avait dû payer en entrant dans son nouveau logis une demi-guinée ; c’était une partie de ce qui était dû à la maîtresse d’école. Désireuse de s’acquitter envers elle, mais forcée de prendre sur l’argent qu’elle lui réservait pour se loger, elle se crut obligée de lui offrir sa chèvre en payement. La maîtresse, dont la bonté était extrême, refusa de la recevoir, en lui disant qu’elle devait garder la chèvre pour nourrir sa petite famille, et que, pour elle, elle avait confiance en son bon vouloir, et pouvait attendre.

La petite famille vivait bien modestement. Marie filait neuf fuseaux par jour, Edmond retirait huit sous de son travail, et les deux petites filles, Nancy et Peggy, occupées à plier du papier dans une fabrique voisine, gagnaient chacune dans leur journée environ quatre sous.

Une année s’était écoulée depuis la mort de la veuve. Le jour anniversaire de cette catastrophe arriva : les orphelins allèrent déposer pieusement sur la tombe de leur mère une guirlande qu’ils avaient tressée à cette intention. Pendant leur saint pèlerinage, ils furent aperçus par deux jeunes filles qui sortaient du presbytère, et qui, émues de la douleur des quatre enfants, s’empres-