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toujours honnête ; j’ai fait pour les autres ce que j’aurais désiré qu’on fît pour moi. Imite-moi, ma chère enfant ; sois bonne pour tout le monde, bonne surtout pour ces pauvres enfants, aussi bonne que moi, meilleure même, si cela est possible. »

Les enfants venaient de finir leur modeste souper. Ils s’approchèrent du lit de leur mère pour l’écouter ; mais fatiguée de parler, épuisée par la maladie et par la douleur, la veuve se renversa sur son oreiller, prit les petites mains de ses enfants dans les siennes et dit :

« Que Dieu vous bénisse, mes pauvres enfants ; aimez-vous et soyez toujours unis. Bonne nuit, au revoir. »

Marie éloigna immédiatement les enfants du lit de sa mère, car elle voyait qu’il lui était impossible d’ajouter un seul mot. Elle ignorait cependant qu’elle fût en danger. La veuve n’avait jamais voulu parler à sa fille des embarras de sa situation ; mais, à cette heure suprême, elle lui raconta qu’elle avait contracté quelques dettes, et une surtout qu’elle la chargea d’acquitter aussitôt qu’elle le pourrait : il s’agissait d’argent emprunté à la maîtresse d’école.

À la fin de la semaine, la veuve avait cessé d’exister. Les orphelins étaient seuls dans la petite maison.