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comme s’il avait quelque chose à dire au domestique, et elle remarqua qu’ils échangeaient en souriant quelques mots à voix basse. « C’est un bon coup, » répéta plusieurs fois le valet.

Il était évident pour la marchande que cet homme avait escroqué la guinée aux enfants, afin de payer les alouettes et le vin clairet. Elle voulut cependant découvrir toute la vérité, et attendit encore dans le passage.

« Garçon ! garçon ! criait l’hôtesse, pourquoi n’avez-vous pas servi le dessert à la compagnie du grand salon ?…

— J’y vais, madame, j’y vais. « Et il passa portant sur un plat les friandises les plus variées.

L’hôtesse ouvrit la porte, et la marchande de paniers put jeter un regard dans l’intérieur du salon et apercevoir une nombreuse société, composée en majeure partie d’enfants assis autour de la table couverte de mets.

« Vous voyez, murmura l’hôtesse quand elle eut fermé la porte derrière le garçon, qu’il y aurait la quantité de chalands pour vous, si par bonheur on vous appelait. Voyons, voulez-vous me céder une demi-douzaine de ces petites nattes tressées pour mettre sous mes plats ?

— C’est une bagatelle, madame ; prenez, » dit la marchande.

Et elle les lui céda au meilleur marché possi-