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« Un, deux, trois, quatre sous !

— Mais, oh mon frère ! regarde donc, s’écria Annette, voilà un sou qui ne ressemble point aux autres !

— Mais non, certainement, dit Paul, aussi n’est-ce point un sou. C’est une guinée, une belle guinée d’or.

— Qu’est-ce que c’est ? reprit Annette qui n’avait jamais vu de guinée et n’en connaissait pas la valeur. Est-ce aussi bon qu’un sou pour acheter du pain d’épice ? Faut-il aller chez le fruitier et le lui demander ?

— Non, non : il n’est pas besoin de demander à personne autre que moi. Je puis t’apprendre cela aussi bien que qui que ce soit au monde.

— Qui que ce soit au monde ! Oh ! non ; Paul ! pas aussi bien que grand’maman.

— Et pourquoi pas aussi bien que grand’maman ? Mais, ma chère Annette, si tu veux que je te dise cela, il faut m’écouter avec beaucoup d’attention, et encore je ne sais si tu comprendras aussi bien que j’ai compris lui-même la première fois que grand’maman me l’a expliqué. »

Annette, voyant qu’il s’agissait ne quelque chose de très difficile ouvrit de grands yeux et écouta avec beaucoup d’attention. Son frère finit par lui faire comprendre qu’avec cette pièce d’or on pouvait avoir cinq cents fois autant de raisin qu’avec un sou.