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douce de Bélinde la fit revenir à elle-même ; elle la regarda pendant quelques momens, sans oser lui parler.

Est-il bien vrai que vous êtes ici, chère Bélinde ? s’écria-t-elle enfin, et puis-je encore vous appeler mon amie ? — Me pardonnez-vous ? — Oh ! oui, je le vois, — et de vous, de vous seule, je puis supporter l’humiliation d’être pardonnée. Jouissez, chère amie, de la supériorité que vous donne votre vertu.

Ma chère lady Delacour, vous vous jugez avec trop de sévérité : de quoi donc êtes-vous coupable ? je n’ai rien à oublier, rien à pardonner.

Je ne puis avoir trop de sévérité pour moi ; — vous n’avez rien à pardonner ! Oui, je vous ai offensée, et de la manière la plus sensible, — par une injustice ; oh ! combien vous avez dû me mépriser pour la folie, pour la petitesse de mes soupçons ! — Un esprit soupçonneux est le plus insupportable et le plus difficile à