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nuits, chez mistriss Luttridge. M. Vincent fut d’abord scandalisé à la vue de la table de creps, en pensant à M. Percival ; mais son activité dans la société ne lui permettait pas de rester oisif et ennuyé au milieu de gens si vivement occupés. D’ailleurs la générosité de son caractère lui faisait croire mal-honnête de censurer par sa conduite celle de tous ses amis ; il faisait le faux calcul de suivre le mauvais exemple au lieu de donner le bon : il pensait qu’il pouvait risquer, sans imprudence, cent louis ou même mille, et qu’avec son énorme fortune, il y avait de l’avarice à craindre la chance du jeu. Il se décida donc à se mêler parmi les joueurs : une fois assis à cette fatale table, sa ruine était inévitable. Mistriss Luttridge hésita cependant un instant si elle continuerait ses menées, pour lui faire épouser sa nièce, ou si elle se rendrait maîtresse seulement de sa fortune. Ce dernier parti lui parut le plus sûr, en