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mort que j’enlevai sa fille. La bonne veuve en fut inconsolable. Nous nous mariâmes. Mes parens, irrités de cette union, m’obligèrent, deux ans après, de me séparer de ma famille, et de partir pour les îles. Mon mariage avait été fait secrètement ; mes amis le désavouèrent. Ma femme, après une longue maladie, succomba et mourut. Elle m’écrivit de son lit de mort, qu’elle me recommandait sa fille, et qu’elle m’envoyait son portrait, pour que je ne l’oubliasse jamais. Au bout de plusieurs années, je me mariai, à la Jamaïque, avec une femme très-riche. J’eus d’elle un fils, sur qui toutes mes affections se concentrèrent. Ma femme et mon fils me furent ravis par une de ces maladies épidémiques qui ravagent ces climats brûlans. Je crus alors que tout bonheur était perdu pour moi : je me ressouvins de ma fille, et je sentis qu’elle seule pouvait encore donner du charme à mon