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paraison n’était pas à l’avantage de ma jeune pupille. Cependant, je sentais aussi que sa simplicité naïve me reposait de ce luxe d’esprit, de vivacité, de gaieté, qui allait quelquefois jusqu’à me fatiguer chez lady Delacour. En quittant celle-ci, il m’arrivait souvent de me dire : Je ne voudrais pas pour rien au monde que ma femme eût autant d’esprit et autant de besoin de le montrer. Alors Virginie, avec sa parfaite innocence, sa naïveté, son petit cercle d’idées, me semblait la personne par excellence, pour assurer mon bonheur domestique.

Telles étaient les dispositions de mon cœur, lorsque je rencontrai dans le monde miss Bélinde Portman. Je me prévins d’abord contr’elle, parce que c’était une nièce de mistriss Stanhope ; mais plus je la vis et plus ma prévention s’affaiblit. En comparaison de Bélinde, Virginie me parut un enfant insipide : Bélinde pouvait devenir véritablement la