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buèrent pas peu à me confirmer dans cette manière de voir et de sentir. Mon imagination s’exalta sur la possibilité de trouver une Julie, que je formerais pour devenir la compagne de mes jours ; et je résolus de renoncer à tout projet de mariage, s’il fallait ne choisir qu’entre les femmes élevées pour le monde. Je revins en Angleterre pour y chercher l’objet qui devait me fixer.

Ce n’était point une chose facile que d’accomplir mon projet. On trouve aisément la beauté dans le malheur, et l’ignorance dans la pauvreté ; mais ce que l’on ne trouve pas aussi facilement, c’est la simplicité sans bassesse, sans cette teinte vulgaire qui répugne à l’homme qui a vécu en bonne compagnie. Ce qu’on ne trouve pas aisément, c’est l’ingénuité sans grossièreté, et l’ignorance sans préjugé ; c’est un esprit qui, quoique sans culture, vous garantisse le succès de l’instruction ; un cœur qui s’ignore, mais qui puisse ap-