Page:Edgeworth - Belinde T1 T2.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.

devint malade ; c’est une époque qu’il m’est pénible de rappeler : au bout de peu de jours elle mourut. Je crois que je l’aurais regrettée encore davantage, si mylord et ses parens n’avaient fait des lamentations qui m’étourdirent. Je me défendis de verser une larme en leur présence. Je laissai pleurer en public la vieille douairière, qui se consolait ensuite par des exclamations sur ma dureté. Je souffrais plus qu’elle ; mais c’est ce qu’elle n’a jamais eu le plaisir de savoir.

Mon troisième enfant fut encore une fille, et cette fois je ne voulus pas le nourrir ; je l’envoyai à une bonne paysanne bien fraîche, bien vigoureuse ; et cette enfant prospéra tellement, que, quand on me la rapporta à l’âge de trois ans, j’avais peine à croire que ce fût ma fille. Lord Delacour ne pouvait la souffrir parce qu’elle n’était pas un garçon. Moi, qui n’avais pas le temps de la nourrir, je