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manderais jamais rien. Cette conduite me valut la réputation d’une femme de beaucoup de caractère.

Nos embarras de fortune cessèrent à la mort d’un oncle de lord Delacour dont il hérita. Je me rejetai avec plus de force dans toutes les folies de société, et je tachai de me consoler dans le monde des désagrémens de mon intérieur.

L’ambition de plaire me dévorait ; j’étais le martyr de la dissipation ; je me faisais esclave de mes plaisirs ; mon temps, mes actions, mes pensées n’étaient pas à moi. Il fallait trouver charmant ce qui m’ennuyait à périr, voir des gens qui me déplaisaient, faire ce qui m’était désagréable, et le tout pour conserver ma réputation de femme à la mode. — Pourquoi persister, me direz-vous ? — Mon dieu, pourquoi ? Parce que j’avais commencé ; parce que cela était devenu ma vocation. Je n’étais plus bonne qu’à cette vie-là ; et qu’aurais-je